2. 100% pur jus.

13 - 17 Septembre de l'an 01 (et quelques heures supplémentaires).

Le doute n'était plus des nôtres :

Tout cela était à cause de la terre. La baignoire électrique, les éléments de cuisine conducteurs (1). Tout nous faisait comprendre que nos corps d'humains jouaient un rôle compensatoire qu'ils n'étaient pas censés prendre.

Rétablir les rôles de chacun nous tenait donc à cœur, ne serait ce que par amour de la vie.

Car comme disait l'autre, ce n'est pas parce qu'on est sûr de mourir un jour qu'il faut que ça arrive avant !

Il est vrai que nous voyions bien quelques fils vert et jaune ci et là, apparaissant au gré des prises électriques entrouvertes et des doublages "imitation lambris" parfois peu jointifs, mais quelque chose ne tournait pas rond. Un comble, pour la terre, me direz-vous !

Mais alors que quatre jours nous semblaient idéaux pour cet extra qu'était devenue cette mission terrestre, que ne fûmes nous pas surpris de résoudre cette enquête dès le premier matin, sans même avoir à creuser un trou dans la croûte tant recherchée. Pour cause, le gros fil d'arrivée, sortant de terre depuis la rue, traversant le mur de la maison peu après, et censé protéger toute cette dernière, était coupé, pendouillant dans l'arrière cuisine du Rez-de-Jardin.

Point barre.

En bref, un gros domino plus tard, les choses rentraient dans l'ordre, le jus dans ses gaines, et nos palpitants retrouvaient leur rythme de croisière.

Mais alors que les châtaignes ne poussaient plus dans la maison, il nous fallut bien trouver autre chose pour occuper notre adorable intervenant électricien que nous n'avions pas prévu de congédier si facilement.

Je ne vous cache pas que nous avions quelques idées en tête, fortement inspirées par la position horizontale du tableau électrique sur le plafond du salon ; sans nul doute le chef d'œuvre de nos prédécesseurs. Ou tout du moins sa partie visible, car vous imaginez bien que lorsque l'on est assez audacieux pour placer un tableau électrique de la sorte, on est capable de choses au moins tout aussi formidables pour le reste.

Effectivement.

Les inévitables décroutages de placoplâtre initiés ce jour-là nous ont permis de découvrir la remarquable cohérence des installations existantes ; ou comment s'adapter, au plus vite, au plus court, au plus simple, et hop Lucienne, au fur-et-à-mesure des nouveaux usages que la vie (et le catalogue Automne/Hiver de Bricobricole ?) nous suggère, sans jamais repenser la globalité. Au final, un festival de dominos, rarement protégés, disséminés tout au long des cheminements électriques (2) voguant eux-mêmes parfois d'un étage à l'autre, permettaient au vaisseau de fonctionner encore, nous empêchant, par la même occasion, de ranger dans le temps qui nous était imparti l'entièreté de ce bazar d'électricité...

La conséquence : seul l'espace de vie principal ne reçut l'honneur de notre attention lors de ce chantier.

Néanmoins, le tableau a retrouvé sa verticalité et l'accessibilité par tout un chacun qu'elle sous-entend ; Les fils qui en partent arrivent désormais à bon port sans intermédiaires ; Et l'espace salon/salle à manger a gagné un voire deux mètres carrés (oui, cacher les choses avec du placoplâtre prend de la place !) car nous savons désormais où se trouvait l'ancienne cuisine de cette bâtisse. D'ailleurs, sa situation en gradin au dessus de l'escalier arrivant du Rez-de-Jardin en ferait un très bel et lumineux espace bibliothèque (je n'invente rien, la rumeur dit que la Commission Travaux l'envisage fortement !).

Et nous, dans cette histoire, pauvres gens du bâtiments tiraillés entre décroûter le moins possible et rassainir réellement les installations électriques, n'avons pu tenir notre promesse de ne pas initier de travaux d'envergure à l'intérieur de la maison la première année (3)...

Autant vous dire que les travaux sont loin d'être finis, mais nous n'avons jamais été aussi proches !

Pour que vive la Möche !!

(1) Saviez-vous qu'à la Möche, si vous touchiez l'évier ET les plaques de cuisson en même temps, ce qui est loin d'être impensable puisque séparés de moins de cinquante centimètres, vous découvriez alors la sensation d'un cheval un peu trop cavalier vis à vis de la clôture de son pré ?!

(2) Vous avez déjà essayé de tirer sur un fil rabouté aux dominos ? Il vous domine, assurément.

(3) En espérant simplement que cette liberté prise ne mettra pas de l'électricité dans l'air entre les Möches...